Malawi : une initiative des syndicats de l'éducation sauve des enfants du travail forcé et leur permet de rester à l'école
Réaliser l’objectif de développement durable 4 Encadrement de la profession Equité et inclusion renouveau et développement syndical Croissance des syndicats Du travail à l'école: mettre fin au travail des enfants
- Le changement des mentalités dans les villages au sujet du travail des enfants et de l'importance de l'éducation. Les syndicats sensibilisent les leaders des communautés et les parents à l'importance de l'éducation et exposent les risques liés au travail des enfants. De même, des clubs d'enfants ont contribué à l'attractivité des écoles à travers des activités sportives, de divertissement, de théâtre, etc.
- L'adoption et l'application de règlements par les chef·fe·s et les dirigeant·e·s des villages. Les chef·fe·s ont bénéficié d'une séance d'information spécifique sur le travail des enfants pendant la formation du projet, qui semble avoir été très productive. En juin 2022, il·elle·s avaient adopté 31 règlements. Ces règlements prévoyaient d'imposer des sanctions aux parents qui n'envoyaient pas leurs enfants à l'école.
- L'organisation de cours de rattrapage pour les anciens enfants travailleur·euse·s qui ont été ramenés à l'école et qui sont donnés par les enseignant·e·s l'après-midi.
- L'attitude des directeur·trice·s d'école/enseignant·e·s lorsqu'un enfant est en situation de décrochage scolaire. Les dirigeant·e·s des établissements scolaires contrôlent mieux l'absence des enfants et réagissent rapidement pour savoir pourquoi un enfant n'est pas à l'école.
- Une amélioration de la pédagogie. Par exemple, à travers les formations syndicales dispensées dans le cadre du projet de zone sans travail des enfants, les enseignant·e·s ont appris ou se sont vu rappeler comment éviter les châtiments corporels.
- La formation des membres des conseils de direction des écoles et des associations parents-enseignant·e·s. Après leur formation, ces instances joueront également un rôle important dans la sensibilisation des parents, dans le cadre de réunions ou d'assemblées de parents d'élèves organisées par les chef·fe·s.
- L'implication des associations de mères. De telles associations existent dans chaque école. En se concentrant davantage sur les filles, elles visitent les parents qui n'envoient pas leurs enfants à l'école, fournissent aux filles un soutien en matière d'hygiène menstruelle et aident les mères adolescentes à rester à l'école pendant et après leur grossesse.
- La pénurie d'enseignant·e·s. Les directeur·trice·s d'école tout comme les enseignant·e·s ont souligné que le ratio élèves/enseignant·e·s était bien trop élevé. Le secrétaire général du TUM, Charles Kumchenga, a rappelé qu'alors même que le gouvernement était disposé à embaucher des milliers d'enseignant·e·s qualifié·e·s, les restrictions du Fonds monétaire international (FMI) l'en empêchent. Ce constat est confirmé par une étude de l'Internationale de l’Éducation datant d'avril 2022 ‘Teacher Wage Bill Constrains: Perspectives from the Classroom’: « Le Malawi connaît une grave pénurie d'enseignantes et enseignants. Selon les estimations des chercheuses et chercheurs, en 2020, au moins 3.305 enseignantes et enseignants du primaire n'étaient pas qualifiés. Avec un ratio élèves/enseignant de 65:1 en 2019/20, le Malawi devrait recruter 52 459 enseignantes et enseignant du primaire pour parvenir à un ratio de 40:1 d'ici 2030. »
- Le manque de motivation causé par les difficultés d'accès à l'enseignement secondaire. Les responsables syndicaux·ales du TUM et du PSEUM, les directeur·trice·s d'école, les enseignant·e·s et les parents ont souligné que la difficulté à accéder à l'enseignement secondaire, en raison du manque d'écoles secondaires, constitue une source majeure de démotivation pour les enfants et les parents. Seuls ceux qui obtiennent les meilleures notes sont sélectionnés. Les coûts de l'enseignement secondaire (frais de scolarité) sont également un obstacle.
- Les infrastructures/le matériel scolaire. Dans certaines zones, l'accès à l'école n'est pas possible lorsqu'il pleut, car le niveau de la rivière est trop haut. Par ailleurs, les écoles manquent de manuels scolaires, de craies, etc.
- La faim. À l'heure actuelle, seules 4 des 15 écoles de Chigudu ont un programme d'alimentation. Le programme est organisé par les écoles avec le soutien des chef·fe·s des villages environnants. Grâce au projet syndical, une cinquième école est en train de mettre en place son propre programme alimentaire.
- Des problèmes familiaux importants, comme les divorces ou le décès des parents. Des solutions locales peuvent parfois être trouvées, avec le soutien de chef·fe·s, de groupes de solidarité locaux ou d'ONG.
- Comportement des anciens enfants travailleurs qui retournent à l'école. Certains de ces enfants peuvent causer de sérieux problèmes aux écoles et aux éducateur·trice·s. Par exemple, les élèves qui avaient l'habitude de s'occuper du bétail (en le battant parfois) ont commencé à battre d’autres élèves ou à les rudoyer. Dans ce genre de situation, les enseignant·e·s s'efforcent de résoudre ces problèmes par le dialogue et le conseil. Il·Elle·s appellent toutefois à la prudence. Les enfants ramenés à l'école peuvent influencer les autres, et les inciter à abandonner l'école, d'où l'importance des cours de rattrapage.
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